Le compteur Gazpar : des expérimentations sur le potentiel de maîtrise de l’énergie pour préparer le déploiement généralisé

ADEME et GRDF, 2017

Mardi 27 février 2018, par RAPPEL3 // L’actualité au fil des mois...

En 2015, l’ADEME et GRDF ont conduit une étude bibliographique sur les bonnes pratiques connues dans le monde en matière d’utilisation des données des compteurs communicants au service de la maitrise de la demande en énergie. Afin de poursuivre la démarche, GRDF a lancé avec le soutien de l’ADEME un pilote de déploiement des compteurs Gazpar, de janvier 2016 à avril 2017, afin de préparer le déploiement généralisé et le remplacement de 11 millions de compteurs de gaz à horizon 2022.

Onze expérimentations ont ainsi été conduites avec pour finalités :
- de déterminer les leviers d’appropriation par les consommateurs de leurs données de consommation gaz pour favoriser la maîtrise de l’énergie ;
- de préciser de quelle façon les acteurs peuvent s’emparer de ces données pour créer ou renforcer des services.
Celles-ci ont été menées sur 4 territoires pilotes des Hauts-de-Seine, de la région lyonnaise, du Havre et du Pays de Saint Brieuc.

Les expérimentations ont été structurées :
- en 2 phases : une première phase sans données réelles de consommation, puis une deuxième phase avec des données réelles de consommation mises à disposition du client, les données ayant été mises à disposition de façon progressive à compter du dernier trimestre 2016 ;
- suivant 3 axes d’étude : le parcours de pose, la mise à disposition des données de consommation et l’accompagnement des consommateurs ;
- et en ciblant 8 catégories d’acteurs : GRDF, les collectivités, les bailleurs sociaux, les fournisseurs de gaz, les acteurs historiques et experts de la maîtrise de l’énergie (ADEME, ALEC, EIE, PTRE), les dispositifs du type Familles à Energie Positive (FAEP), les acteurs de la précarité énergétique, et enfin les acteurs tiers marchands et non marchands souhaitant se positionner sur le marché des données.

Les enseignements des expérimentations
Un potentiel de maîtrise de l’énergie confirmé pour les consommateurs finaux mais une concrétisation qui passe par l’implication d’acteurs tiers
Les expérimentations confirment que les ménages interrogés ont un réel intérêt pour leurs données de consommation dès lors qu’ils en comprennent la signification et l’usage potentiel. Lorsqu’elles leurs sont présentées et expliquées de manière pédagogique, les consommateurs en voient bien les utilisations possibles en termes de maîtrise de l’énergie. La mise en place d’une communication adéquate et d’actions de pédagogie par des acteurs tiers est donc indispensable pour que les consommateurs en comprennent les enjeux. Ces actions doivent en outre être adaptées à l’hétérogénéité des profils des ménages.
Deux grands types d’usage des données ont en effet été identifiées : des stratégies actives (gérer la facturation, optimiser la gestion technique du logement, etc.) et des stratégies passives (non-utilisation, suivi désintéressé, curiosité) qui seraient surtout le fait des personnes les plus démunies à la fois financièrement, techniquement et culturellement. Certains ménages sont pourtant déjà très attentifs à leurs consommations, ne serait-ce que pour des raisons budgétaires.

Un enjeu de réassurance des consommateurs finaux de la part de l’ensemble de l’écosystème d’acteurs
Les expérimentations ont également mis en évidence une méconnaissance globale du domaine de l’énergie et de l’écosystème d’acteurs, déjà perçus comme complexes aujourd’hui par une grande partie des ménages interrogés. Par ailleurs, la confidentialité et la sécurité des données sont un sujet d’inquiétude pour une partie des ménages. Il y a donc un véritable enjeu de réassurance des ménages sur lequel les acteurs publics, perçus comme des tiers de confiance avec une position neutre, ont un rôle clé à jouer sur ce sujet.

L’importance d’une communication dans la durée, adaptée à la diversité des attentes et diffusée aux moments propices
Les expérimentations ont montré qu’il est important d’adapter les formats, les modes et les moments de communication à la diversité des ménages (redondance de l’information, personnalisation, moments où le consommateur s’interroge sur ses consommations…), de sorte que l’information diffusée soit bien reçue et comprise.

Les trois axes de recommandations identifiés sur la base de ces enseignements
-  Exploiter et valoriser la donnée : notamment pour les acteurs historiques et experts de la maîtrise de l’énergie, il s’agit d’intégrer les données de consommation dans leurs outils, dans les ressources qu’ils produisent et dans leurs pratiques d’accompagnement afin d’améliorer les services qu’ils fournissent et d’augmenter leur impact.
-  Communiquer et accompagner : les expérimentations ont notamment mis en évidence l’importance d’un accompagnement approfondi pour certaines catégories de ménages plus défavorisés. Les acteurs historiques et experts de la maîtrise de l’énergie, ou encore les collectivités et bailleurs sociaux, peuvent ainsi développer des actions d’accompagnement spécifiques aux ménages en précarité énergétique ou sans accès à internet par exemple.
-  Instaurer et garantir la confiance : l’ensemble des acteurs doivent adopter des modalités communes d’application des règles de confidentialité et de sécurité des données, sensibiliser et communiquer sur le sujet et plus largement sur le monde de l’énergie.

Consulter le rapport de l’expérimentation et sa synthèse sur le site de l’ADEME.

Consulter le guide pratique de l’ADEME "Le nouveau compteur de gaz".