Plus d’un ménage belge sur cinq est confronté à la précarité énergétique

Université Libre de Bruxelles et Université d’Anvers, le 24 novembre 2015

Jeudi 26 novembre 2015, par RAPPEL1 // En Europe et ailleurs

Plus d’un ménage belge sur cinq (21,3%) est confronté à la précarité énergétique, selon le premier baromètre publié mardi par la plateforme de lutte contre la précarité énergétique gérée par la Fondation Roi Baudouin.

Selon le baromètre, réalisé par l’ULB et l’Université d’Anvers, environ 14% des ménages belges consacraient en 2013 une part trop importante de leur revenu disponible aux dépenses énergétiques. C’est ce qu’on appelle la précarité énergétique mesurée, l’excès de dépenses tournant autour de 61 euros par mois. "Les ménages qui ne disposent pas de revenus du travail sont manifestement plus vulnérables à la précarité énergétique que d’autres. Mais même des ménages avec un ou deux revenus du travail ne sont pas à l’abri de soucis. En effet, 9% de ces ménages vivent dans la précarité énergétique mesurée."

Pas d’amélioration de la situation depuis 2009

A ceux-là s’ajoutent environ 4,6% de ménages qui se restreignent potentiellement étant donné la faiblesse de leurs dépenses énergétiques par rapport aux ménages vivant dans une situation semblable. L’écart de cette précarité énergétique cachée s’élève à environ 94 euros mensuels.

Enfin, en ce qui concerne la précarité énergétique ressentie, près de 3% des ménages sont concernés. "Malgré l’ensemble des mesures mises en place, l’évolution des indicateurs entre 2009 et 2013 ne montre pas d’amélioration de la situation et même, au contraire, on observe une forte dégradation sur le plan du ressenti surtout en Flandre et en Wallonie", souligne la plateforme. Par contre, en ce qui concerne la précarité énergétique cachée, c’est la Région de Bruxelles-capitale qui enregistre le plus grand pourcentage de ménages affectés.

Les familles monoparentales les plus touchées

En règle générale, ce sont les familles monoparentales (dont plus de 80% ont à leur tête une femme), les isolés et les ménages comportant un seul sénior qui sont particulièrement fragiles face aux différentes formes de précarité énergétique.

Ce premier baromètre, qui sortira désormais annuellement, a été réalisé par l’Université libre de Bruxelles (ULB) et l’Université d’Anvers. Il se base sur les données de quelque 6.000 ménages belges. La Plateforme de lutte contre la précarité énergétique, créée et gérée par la Fondation Roi Baudouin, regroupe des acteurs du secteur (tels que producteurs, fournisseurs et gestionnaires de réseaux), des organisations et associations de la société civile (syndicats, associations environnementales, ...), des centres publics d’action sociale (CPAS) et unions de villes et de communes, des représentants des consommateurs, propriétaires et locataires ainsi que des experts du monde académique.

Source : www.rtbf.be

L’analyse de la précarité énergétique en Belgique repose, comme en France, sur une pluralité d’indicateurs complémentaires et de méthodes d’observation.
La méthodologie utilisée est explicitée dans un document intitulé "Mesure et suivi de la précarité énergétique pour une transition énergétique qui intègre les problématiques sociales : multiplication des niveaux d’actions et d’analyses".

D’une part, le baromètre, dont les résultats sont présentés ci-dessus, vise à appréhender au mieux la diversité des situations de PE, en y incorporant les trois approches suivantes les trois axes suivants :

  • Le premier axe, prenant pour objet le budget du ménage, consiste à identifier les ménages qui allouent une part (trop) importante de leur revenu aux dépenses énergétiques. Il se traduit par les indicateurs de précarité énergétique mesurée (PEm).
  • Le deuxième axe permet de mettre en lumière les ménages qui restreignent leur consommation énergétique, de manière volontaire ou contrainte, en dessous d’un certain niveau de confort. Il est repris dans les indicateurs de précarité énergétique cachée (PEc).
  • Le troisième axe vise à compléter les deux premiers types d’indicateurs par le ressenti et le vécu des ménages. Ces derniers aspects, synthétisés dans l’indicateur de précarité énergétique ressentie (PEr), sont certes lourds de subjectivité, mais également nécessaires à l’analyse afin de ne pas réduire la PE à ses seules dimensions monétaire et énergétique.



D’autre part, une certaine proportion des ménages, en phase transitoire ou situés à la limite des seuils utilisés dans les calculs, ne sont identifiés par le baromètre. Il est donc essentiel que l’accès aux mesures d’aides se fasse aussi par le biais d’enquêtes sociales menées par des acteurs de terrain.
C’est dans cette logique qualitative que s’inscrit la deuxième phase du projet de recherche en collaboration avec les services « énergie » des CPAS de Bruxelles, et qui repose sur une approche qualitative et des entretiens.

Consulter le document "Mesure et suivi de la précarité énergétique pour une transition énergétique qui intègre les problématiques sociales : multiplication des niveaux d’actions et d’analyses" :

Mesure et suivi de la précarité énergétique pour une transition énergétique qui intègre les problématiques sociales : multiplication des niveaux d’actions et d’analyses
Université libre de Bruxelles
Centre Emile Bernheim
Centre d’Etudes Economiques et Sociales de l’Environnement



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